Fertilisation organique : un changement de pratiques est-il possible ?
À l’occasion de son colloque, organisé mardi 19 novembre à Paris, Afaïa a organisé une table ronde autour de l’évolution des pratiques de fertilisation. Le mot d’ordre ? Privilégier le collectif.
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« Cette année, nous avons souhaité ouvrir les discussions vers les agriculteurs, car ce sont eux les premiers à tester nos solutions, à aller vers le changement de pratiques », présente Laetitia Fourié, présidente du syndicat Afaïa représentant les fournisseurs de fertilisants organiques et de biostimulants, à l’occasion de son colloque qui s’est déroulé à Paris, mardi 19 novembre.
L’évènement a été l’occasion de rappeler qu’en trente ans, les sols français ont perdu 1 à 2 points de matière organique, passant à moyenne d’un taux de 3 % à 1,2 %. « Les engrais de synthèse ont mis au chômage les champignons et les bactéries qui faisaient la structure et la vie des sols, a rappelé Thibaut Pelissier, responsable technique chez Biosphères. Il faut donc ramener du carbone, vecteur de la fertilité des sols, avant de se soucier de la nutrition des plantes. » Selon lui, deux solutions existent pour rétablir la « ration du sol » : les couverts et les apports organiques pour « se passer petit à petit du chimique ».
« Régénérer les hommes »
Une table ronde a été organisée pour répondre à la question suivante : le changement de pratiques est-il un mythe ou une réalité ? « Jusqu’à présent, plutôt un mythe », répond Jean-François Barot, coordinateur technique du service Agronomie, conseils, innovation chez Soufflet agriculture. « Car la majorité des volumes vendus sont des engrais chimiques. »
Très critiquée pour son manque d’accompagnement aux nouvelles pratiques par les agriculteurs présents, la distribution va devoir évoluer. « Il est vrai que nous n’apportons pas toujours assez de solutions à nos agriculteurs, peut-être par manque d’anticipation ou d’écoute, poursuit Jean-François Barot. La nouvelle génération a été formée différemment et arrive avec de nouvelles idées. Pour régénérer les sols, il va falloir régénérer les hommes aussi, c’est-à-dire former ceux qui ne le sont pas encore. » C’est pourquoi, depuis 2020, Soufflet agriculture accompagne la formation de ses TC et agriculteurs à l’agriculture de conservation des sols (ACS). « Il faut que nous travaillions ensemble et apprenions à nous faire confiance », insiste-t-il.
Certains fabricants, tels Agronutrition, ont fait évoluer leurs activités. La société développe des biostimulants et produits à base de microorganismes pour solubiliser le phosphore ou optimiser la dégradation de la matière organique. « Avec les contraintes actuelles, il est important d’avoir une vision systémique des choses et de coupler divers leviers », précise Christophe Richou, son responsable développement et marketing.
Mettre la technologie à profit
Pour Baudoin Favreaux, directeur général du spécialiste de l’expérimentation agronomique Antedis, la technologie est un précieux allié pour les futures solutions, avec l’IA notamment. « Désormais, les conditions météo évoluent chaque année et influent sur les comportements d’achats des agriculteurs. C’est pourquoi la technologie sera importante pour apporter la dose nécessaire au bon endroit », explique-t-il. En 2025, l’entreprise prévoit d’investir massivement dans des capteurs (drones, caméras, etc.).
Enfin, Philippe Collin, agriculteur installé en bio en polyculture-élevage à Colombey-lès-Choiseul (Haute-Marne), a témoigné de l’importance de la méthanisation et donc du « retour de l’élevage dans les zones de grandes cultures, pour le bouclage de la biomasse ». « La résilience que nous réussissons à avoir entre quelques fermes à l’échelle locale, nous pourrions la mettre à profit sur des territoires », conclut-il.
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